Les Basses Rickenbacker

Qu’aurait été la musique Rock sans les basses Rickenbacker. Je me devais un article au sujet de cette marque légendaire.


Rickenbacker est un fabricant américain de basses et de guitares acoustiques et électriques. La société est basée à Santa Ana, en Californie, où sont produits tous les instruments. Réputé pour la qualité et le prix de ses derniers, Rickenbacker est le principal fabricant de guitares aux États-Unis en volume (Fender, par exemple, ayant délocalisé la majorité de sa production au Mexique). L’impossibilité de s’étendre localement en raison des tarifs de l’immobilier entraîne des temps de livraisons assez longs (au moins un an), mais le côté artisanal qu’a voulu conserver la firme permet de présenter des instruments à la qualité et au soin de fabrication comparables à ceux d’un luthier.

La société est fondée en 1931 sous le nom de ‘Ro-PAt-In company avant d’être rebaptisée Electro String Instrument Corporation par Adolph Rickenbacker et George Beauchamp et produit des guitares hawaïennes conçues par Beauchamp. Ces instruments, surnommés « poêles à frire » (« Frying pan ») à cause de leurs longs manches et de leurs corps arrondis, sont les premières guitares électriques à corps plein utilisant des micros electro-magnétiques – bien qu’il s’agisse du type de guitare particulier Lap Steel. Les guitares prendront le nom d’electro Rickenbacker puis de Rickenbacker tout court. Les aimants des micros en forme de fer à cheval étaient placés au-dessus des cordes, disposition peu pratique qui ne sera plus retrouvée par la suite, l’apparition des aimants de type Alnico permettant la fabrication de micros beaucoup plus compacts.

Adolph Rickenbacher (d’origine suisse, et qui « américanisera » son nom en « Rickenbacker » peu après, peut-être pour profiter de la renommée de son cousin Edward Vernon Rickenbacker un pilote américain de la Première Guerre mondiale) continue à se spécialiser dans les guitares « steel » jusque durant les années 1950. Les débuts de la société seront laborieux, les ventes peinant à décoller : la crise de 1929 avait en effet laissé de nombreux musiciens désargentés. Beauchamp quittera du reste la société en 1940, non sans avoir obtenu en 1937 un brevet pour son micro en fer à cheval. Comme la plupart des autres fabricants d’instruments, Rickenbacker cessa sa production entre 1942 et 1946. La compagnie qui avait repris sa production de lap steel et de guitares dites « spanish » fut cédée avec le nom et le brevet du micro en 1953 à FC Hall propriétaire de Radio Tel et surtout un des premiers distributeurs de Fender ce qui l’avait amené à saisir tout le potentiel de ce nouveau marché. mais profite de l’essor du rock’n’roll. La société va alors se diversifier dans le secteur des guitares acoustiques et électriques, Paul Barth créant les modèles Combo 600 et Combo 800.


Fils de Wenzel Rossmeisl, luthier réputé de guitares acoustiques et semi-acoustiques, Roger Rossmeisl entreprend des études brillantes de lutherie à Mittenwald et travaille avec son père jusqu’en 1952. En 1953, il émigre aux États-Unis où il entre chez Gibson pour une courte période, puis chez Rickenbacker où il impressionne autant par sa forte personnalité que par sa capacité à dessiner de nouveaux modèles et à travailler lui-même le bois. Sous son impulsion :

  • En 1956, Rickenbacker lance deux instruments équipés d’un manche traversant le corps, une caractéristique qui deviendra standard sur les modèles solid body de la firme, la guitare Combo 400 et la basse 4000 ;
  • En 1957, Rickenbacker lance la série Capri, dont les guitares semi-acoustiques à double échancrure qui constitueront la série 300 ;
  • Les tables de la série F (Thin Full Body Series, 345F, 360F, etc.), demi-caisses à simple découpe, sont incurvées vers l’intérieur près du bord, ce qui est appelé German carve chez Rickenbacker, et la 381 conserve encore aujourd’hui cette forme ;
  • La Combo 400 évolue vers la « cresting wave » de la 425 et de la série 600.

C’est donc après avoir créé tous les modèles classiques de la marque que Roger Rossmeisl la quitte en 1962 pour aller chez Fender où il dessinera les guitares acoustiques et la demi-caisse Coronado.


Juste après son départ, en 1963, la société conçoit une guitare électrique à douze cordes, la 360/12, équipée d’une tête de taille standard au design innovant où une mécanique sur deux est montée à angle droit pour que toutes puissent y tenir. Cela permet de limiter l’effet de levier sur le manche et donc de mieux équilibrer la guitare, mais aussi de réaliser des économies d’échelle puisque les manches bruts peuvent aussi bien être finis en tant que 6 ou 12 cordes.

Les guitares dites « de luxe », actuellement 360, 370, 620, 660 et 4003, sont équipées pour être branchées sur une unité Rick-O-Sound (un boîtier à deux sorties mono) via un jack stéréo qui permet aux deux (ou trois) micros de passer par différents amplificateurs et/ou modules d’effet.

La plupart des Rickenbacker comportent un double truss rod pour corriger un éventuel vrillage du manche en plus de régler sa courbure.

La touche en palissandre est vernie, ce qui n’est habituellement le cas que sur les touches en érable comme celles des Fender.

Les manches des 12 cordes ont la même largeur que ceux des 6 cordes et celles des fondamentales y sont montées au-dessus de celles des octaves, à l’inverse d’une 12 cordes traditionnelle.

Les guitares Rickenbacker sont célèbres pour leurs sonorités carillonnantes. Elles sont naturellement riches en aiguës et, à l’inverse de beaucoup de guitares rock, souvent jouées en son clair, sans distorsion. Leur corps et leur manche sont en érable, bois qui permet à la note une attaque claire et puissante, ainsi qu’un bon niveau de sortie des harmoniques. Ces caractéristiques sonores en ont fait les instruments favoris des groupes de jungle pop, power pop à la suite de la British Invasion dans les années 1960. Bien qu’il y ait eu des exceptions, la plupart des groupes de hard rock, de metal et de punk délaissent les guitares Rickenbacker pour leur relative inadaptation aux sons sales et/ou distordus ; les basses Rickenbacker, à l’inverse, ont toujours été fréquemment employées dans tous les styles de musique électrique, hormis le jazz.

La série 4000 est la première incursion de Rickenbacker dans le secteur de la basse électrique. La 4000 est vite suivie de la très populaire 4001 en 1961, puis de la 4002 (lancée en 1977 et supprimée après qu’une centaine d’exemplaires furent assemblés), de la 4008 (un modèle huit-cordes lancé au milieu des années 1970), de la 4003 (lancée en 1980 et toujours au catalogue), et plus récemment du modèle 4004.

Les basses Rickenbacker ont une sonorité distinctive, due en grande partie au manche traversant le corps (sur la série 4000), ce qui accroit la rigidité et donc le sustain. La série 3000, fabriquée jusqu’au milieu des années 1980, était une version bas de gamme avec un manche vissé traditionnel.

Paul McCartney avec une Rickencbacker 4001, pendant la tournée 1976 de Wings.s

Deux des premiers et plus influents utilisateurs de basses Rickenbacker sont Paul McCartney des Beatles et Peter Quaife des Kinks. McCartney utilise un modèle 4001S tous d’abord occasionnellement pour l’album de décembre 1965 Rubber Soul : Des chansons comme Nowhere man ou encore Think for yourself ou il utilise même une pédale d’effet Fuzzbox avec cette basse. Sur les albums Revolver (1966) et Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band (1967), l’utilisation de la Rickenbacker 4001S devient évidente pour Paul McCartney. Il l’utilisera pendant toute la période de son groupe Wings et, ce, jusqu’en 1984. Il y reviendra occasionnellement en tournée depuis notamment pour son « Get Back World Tour » en 1989.


Les basses Rickenbacker sont emblématiques du rock progressif et du heavy metal des années 1970. Roger Waters de Pink Floyd, Chris Squire de Yes, Mike Rutherford de Genesis, Daniel Haas de Ange, Geddy Lee de Rush, Graham Gouldman de 10cc, Roger Glover de Deep Purple, Geezer Butler de Black Sabbath font alors partie des ambassadeurs de la marque, qui jusqu’à Cliff Burton de Metallica.

Moins visible après l’explosion punk et new wave de la fin des années 1970 et du début des années 1980, malgré quelques utilisateurs comme Bruce Foxton de The Jam (qui utilise une 4001 sur les deux premiers albums du groupe, sortis en 1977), Lemmy Kilmister de Motörhead, ou encore Simon Gallup de The Cure lors du Pornography Tour de 1982 (visible aussi sur le DVD Triloy (2003)), Rickenbacker véhicule alors l’image mods des années 1960 grâce notamment à leur utilisation sur le tard par Pete Townshend (Foxton utilisera plus tard une Fender Précision, tandis que le guitariste Paul Weller ne jouera que sur des Rickenbacker jusqu’à la fin du groupe). Paul Simononde The Clash utilisera une Rickenbacker noire offerte par Patti Smith.

La vague des groupes émulant le rock britannique et américain des années 2000, comme Franz Ferdinand, Death From Above 1979, The Bravery ou bien même Muse, a ramené les basses Rickenbacker sur le devant de la scène.

Parmi les modèles les plus populaires de Rickenbacker :

  • 325 (demi-caisse avec ou sans ouïes, manche 3/4, à laquelle John Lennon ajouta un vibrato Bigsby)
  • 330 (guitare demi-caisse six-cordes, popularisée par Pete Townshend, Paul Weller et Gayvin Dumont)
  • 360 (version luxe de la 330 avec sortie stéréo, dont la forme du corps s’arrondit en 1964)
  • 360/12 (« la guitare électrique 12-cordes la plus connue au monde », dixit le site de Rickenbacker
  • 620 (initialement baptisée 625, Tom Petty pose sur la couverture de son album Damn the Torpedoes avec le prototype du modèle 12 cordes, acheté par son guitariste Mike Campbell pour la réalisation de l’album)
  • 4000 (qui ne possède qu’un micro chevalet), 4001 et 4001S (la basse popularisée par Paul McCartney, entre autres). La 4001 présente l’avantage de posséder deux sorties. Ce qui permet d’obtenir un « effet stéréo » (micro manche sur un ampli, chevalet sur un autre). La 4001S est le modèle simplifié (d’où le « S ») de la 4001. Au départ destinée à l’export, la 4001S ne possède pas de « binding » autour du corps, du manche, pas de inlays sur la touche. Elle était livrée en version mono. Ces basses ne sont plus produites. La 4001 et la 4001S bénéficient d’une forte cote dans le marché de l’occasion. Vient ensuite la 4003, toujours stéréo, modernisée au niveau du système truss rod (simplifiée). Elle a également subi un changement de condensateur pour obtenir un rendu avec plus de grave sur le micro aigu. Ce modèle est aujourd’hui proposé avec les deux possibilités via un bouton push-pull : avec le condensateur d’origine qui atténue fortement les fréquences basses et le condensateur « moderne ». Les 4004 et 4005, moins célèbres, reprennent la forme générale des 4000/1/3 et présentent une sonorité typique de la marque. Enfin, le modèle 4008 correspond à une déclinaison à cordes (4 paires).
  • 4080 : Il s’agit d’une combinaison d’une guitare Rickenbacker 480 et d’une basse Rickenbacker 4001, formant ainsi une guitare double manche le manche du haut étant la basse et le manche du bas la guitare.


Vous en savez maintenant un peu plus sur la marque Rickenbacker.


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